CROA du 24 mars 2019

25-03-2019 à 13:56:52
A la surprise générale, il a fait un temps magnifique. Bon, nous avons eu quelques bonnes météos la semaine dernière. Oui, c'est vrai, mais c'était la pleine Lune et pour faire une peu de ciel profond ce n'est pas la panacée. Ce soir en revanche, la belle de nuit ne viendra pas nous embêter avant tard dans la soirée.

Allez hop, j'envoie une invitation sur WhatsApp pour que quelques Astrams se joignent à moi. Je n'ai pas beaucoup de succès mais Jeremy répond présent. C'est sympa car nous n'avons jamais eu l'occasion d'observer le ciel ensemble. Jeremy a rejoint le CAASV il y a peu, c'est un bon camarade avide de progresser en astronomie. Super Jeremy nous serons deux ! Rendez-vous à Giraumont, comme tu n'es jamais venu, je t'envoie un petit fichier pdf dans lequel est indiqué la route à suivre pour arriver sur le site d'observation.

De mon côté, je pars très tôt. Je tiens à profiter des dernières lueurs du jour pour refaire une collimation que j'avais mis à mal durant la deuxième journée quatrième étoile à Rouvroy-les-Merles. Je suis équipé pour ça. Je commence avec un « cheshire ». Pour m'aider, je place deux feuilles de couleur dans mon tube. Une jaune placée derrière le secondaire et une violette pour masquer le primaire. Avec ça on voit très bien le secondaire à travers un œillet de collimation ou à travers un cheshire.



Centrer le tout devient un jeu d'enfant. Je termine avec un laser de collimation. Qui me permettra d'être plus précis sur le réglage du secondaire et d'effectuer celui du miroir primaire.

Bien, il fait encore jour. Profitons-en pour mettre d'accord le chercheur et le tube. Pour cela, je pointe une antenne de télécommunication à l'horizon qui a la bonne idée de ne pas bouger. J'ai déjà essayé avec la cime des arbres mais à part observer de mignons petits écureuils, je n'arrivais à rien.

Enfin, je fais les premières actions de la mise en station en attendant d'apercevoir Polaris. Il fait un temps magnifique mais dès le coucher du Soleil on sent bien que l'hiver n'est pas encore si loin. La température est déjà tombée à 8°C. Heureusement, la brise est très légère. Le site de Giraumont nous a habitué à pire. J'en profite pour observer le ciel à l'ouest qui se teinte de très belles couleurs passant de l'orange au vert.



C'est beau, n'est-ce-pas? Il fallait venir.

Sirius est déjà là. Rapidement suivie de Rigel puis Bételgeuse. J'attends toujours Polaris. Ah, enfin la voici. Je peux finir ma mise en station et commencer mon alignement.

Aujourd'hui, c'est un jour sans. Je m'y reprends à trois fois et à chaque tentative la monture m'annonce que l'alignement n'est pas bon. Comme Jeremy vient d'arriver, je décide de laisser tomber l'astrophoto et de partir sur une soirée d'observation. Pour cela je place mon AZ-EQ6 en mode azimutal (cela me prend 30 secondes) et j'effectue un alignement sur deux étoiles brillantes. Cette fois-ci, ça fonctionne. Nous allons donc travailler de concert avec Jeremy en pointant les mêmes objets et en regardant ce que cela donne dans nos tubes respectifs. J'ai un SW 254/1200 et Jeremy possède un sympathique Newton 130/1000. Ça va être intéressant de comparer. Surtout pour voir vers où nous allons pouvoir entrainer le 130/1000.

On commence avec la nébuleuse d'Orion, également connue sous le matricule de M42 ou NGC1976 / 5h35,4 / -5°27'. C'est la nébuleuse reine de l'hiver. Fin mars, on peut encore en profiter en début de soirée. Située dans la constellation du même nom, elle est visible à l'œil nu avec une magnitude de 4,0. Plus précisément, on la trouve dans l'alignement d'étoiles qu'on appelle l'épée d'Orion.

J'ai placé sur mon télescope mon oculaire XWA de 20 mm. Avec lui, on découvre très facilement cette nébuleuse avec sa forme en ailes d'oiseau ou de papillon de nuit. Au centre, on détaille déjà les 4 étoiles appelées le « Trapèze ». Je grossis avec un 9 mm. Le trapèze est évident. Comme cet oculaire à lui aussi un champ apparent de 100° on aperçoit encore presque complètement les ailes de papillon.

Nous partons vers le télescope de Jeremy. Comme c'est un jeune « Astram » et que son tube est tout neuf, c'est la première fois que ce couple va découvrir Orion ensemble. J'aide mon camarade pour le pointage en lui indiquant la position de l'épée avec mon laser lui aussi flambant neuf. Dans le porte oculaire, il a enchâssé un Super Plössl de 28 mm. Là aussi la nébuleuse apparaît avec toute sa magnificence. En revanche, on ne voit que 3 étoiles du trapèze. Alors on essaye un oculaire zoom qui nous permet de descendre jusqu'à une focale de 8 mm. Plus de doute, il y a bien quatre étoiles dans ce trapèze.

Allons voir les Pléiades. C'est le numéro 45 dans le catalogue de Messier. 3h47,0 / + 24°07'. Situées dans la constellation du Taureau à 444 années lumières de la Terre[font=arial, sans-serif][size=100],[/size]elles sont bien sûr visibles à l'œil nu avec une magnitude de 1,2. C'est l'amas ouvert le plus célèbre du ciel boréal. Malgré un oculaire de 100° de CA les Pléiades occupent déjà tout le champ. Nous aurions dû emporter une paire de jumelle car c'est là que l'on peut profiter des Pléiades en entier. Les étoiles les plus brillantes semblent entourées d'un halo bleuté. Même constatation avec le 130/1000. Comme les Plössls de Jeremy ont un CA d'environ 50° et malgré un grossissement moindre, l'amas ouvert déborde « dans les coins ».



Comme à mon habitude, j'ai préparé une liste d'objets à observer. Nous partons donc vers M81, la galaxie de Bode. J'en profite pour la placer dans l'oculaire avec sa voisine M82 la galaxie du Cigare. 9h55,8 / +69°41'. Situées dans la Grande Ourse, elles affichent respectivement des magnitudes de 6,9 et 8,4. Comme elles sont hautes dans le ciel nous n'avons pas de contraintes de pollution lumineuse. En revanche, ce n'est pas évident pour Jeremy de pointer si haut avec sa petite monture équatoriale. Malgré l'aide de mon laser et beaucoup de contorsions, il n'arrive pas à pointer si haut. Nous nous contentons d'observer les deux galaxies à travers mon terrible engin. M81 montre une très brillante condensation centrale au sein d'un large halo diffus de forme elliptique. M82 qui est vue par la tranche est très allongée mais bien moins brillante que sa voisine.

Cap sur M53 également classée sous le petit nom de NGC5024. C'est notre premier amas globulaire de la soirée. Lui habite dans la Chevelure de Bérénice 13h12,9 / +18°10'. Il est beaucoup moins brillant que les objets que nous avons déjà observés avec une magnitude d'à peine 7,7. C'est une tache ronde, diffuse et homogène. Comme il est assez bas nous testons différents filtres UHC et CLS. Mais je ne suis pas convaincu. Le ciel est bien sûr bien plus noir mais l'amas aussi « en a pris un coup ». Jeremy trouve plus d'intérêt au filtre CLS qu'au filtre UHC. C'est logique.

Allons voir M13. Comme le grand amas d'Hercule est lui aussi très bas sur l'horizon le spectacle est un peu gâché. Il m'a habitué à mieux. Malgré une magnitude de 5,9 ce groupe d'étoiles est noyé dans la pollution lumineuse ambiante. On le voit, oui, mais pas comme on le devrait. Passons notre chemin...



Nous passons donc et nous nous retrouvons vers un autre amas globulaire : M3 / 13h42,2 / +28°23'. C'est un peu mieux. Bien que sa magnitude soit de 6,3, il est déjà plus haut que le précédent. Situé dans les Chiens de Chasse à 33900 AL, il est très brillant. Il est aussi bien rond et présente une belle condensation centrale.

Un peu à cours d'idées, je laisse la monture choisir sa prochaine cible et je fais bien car elle pointe sur M44 / 8h40,1 / +19°59', l'amas de la Crèche (ou de la Ruche). Installé dans la constellation du Cancer cet amas ouvert est bien visible. L'oculaire nous livre un champ superbe d'étoiles brillantes et éparses. Bien que d'une magnitude de 3,1 nous avons du mal à l'observer à l'œil nu. Alors, je sors « mes yeux de hibou » et là le doute n'est plus permis, il y a bien quelque chose à cet endroit.

Non loin de là, nous découvrons Iota Cancri dans le Cancer. Séparées 31 secondes d'arc et de magnitude 6,6 et 4,2, on a affaire à deux étoiles qui nous apparaissent l'une blanche et l'autre bleutée. C'est une sorte d'Albireo d'hiver (ou de printemps puisque nous somme le 24 mars) avec la même séparation.



Nous passons ensuite à l'Arbre de Noël. Situé à 2600 années-lumière dans la constellation de la Licorne, il a été découvert en 1785. La nébuleuse du Cône et l'amas stellaire de l'Arbre de Noël sont désignés comme un même objet NGC 2264. De forme irrégulière cet amas ouvert nous laisse un peu de marbre. L'amas qui possède une magnitude de 3,9 est bien visible et très étendu mais la nébuleuse n'a pas été détectée.

Heureusement, nous pointons ensuite le double amas de Persée. C'est le nom commun d'un ensemble d'amas ouverts visibles à l'œil nu, NGC 884et NGC 869. Je les place tous les deux dans l'oculaire, on dirait deux bouquets d'étoiles nombreuses et d'éclats très variés. Toujours à l'aide de mon laser, nous plaçons ces deux objets dans l'oculaire du 130/1000. Le spectacle valait le déplacement.

Avant de terminer, je propose d'aller fouiller la constellation du roi des animaux et nous partons voir le triplet du Lion. C'est un petit amas de galaxies situé à environ 35 millions d'AL. Cet amas regroupe les galaxies spirales M65 ,M66, et NGC 3628. Au début, je discerne assez facilement M65 et M66. La troisième galaxie est plus discrète. C'est Jeremy qui va la déceler à droite des deux premières. Effectivement, il faut utiliser sa vision périphérique et là, les trois galaxies sont bien visibles. Bien sûr, ces trois galaxies sont des objets de choix pour les astrophotographes.



La température a bien chuté. Il fait maintenant 4°C. Nous sommes fières de notre moisson et en plus nous n'allons pas nous coucher tard puisqu'il n'est que 23h. Après avoir rangé nos télescopes dans nos coffres de voitures respectifs, nous prenons encore quelques minutes pour admirer ce beau ciel étoilé et limpide.

Merci Jeremy d'être venu, nous avons passé une bonne soirée.

Bon ciel à tous.

Simon-Pierre.
Newton PERL JPM 115/900 n°154951
Lunette Omegon 72/432 APO
Newton Skywatcher 250/1200 sur monture AZ-EQ6
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25-03-2019 à 14:17:42
Merci à toi pour cette soiree, riche en émerveillement. Je retiendrais la nébuleuse d'orion qui était magnifique à voir. Les amas globulaire et cette petite tache perdus dans le vide dans l'obscurité du ciel. 
Super soirée d'observation avec un jolie spot tout comme lors de ma 1ère soirée avec le club près de Pierrefond.
A refaire sans la moindre hésitation, mais promis, la prochaine fois je ramène le café !

" Il faut viser la lune ! Parce qu'au moins, si vous échouez vous finissez dans les étoiles " O. Wilde
" La chose la plus miséricordieuse en ce bas monde est l'incapacité de l'esprit humain à mettre en corrélation toutes les informations qu'il contient " H.P. Lovecraft