Mur de Planck

29-11-2010 à 17:52:06
Je potasse! je potasse!
Dans son nouveau "roman"( C'est une chose étrange à la fin que le monde), paru aux éditions Robert Laffont le 19 août dernier, l'insubmersible Jean d'Ormesson se questionne sur le sens de la vie.
Ghislaine m'indique que, s'interrogeant sur l'origine du monde, il en vient à parler du "Mur de Planck"!


Il n'est pas très facile d'expliquer brièvement ce qu'est le mur de Planck, d'où vient cette expression et ce qu'elle signifie...
Je me suis attelé à la tâche en essayant de faire une petite synthèse( ci-joint fichier Word) à l'aide de mes bouquins scientifiques sur le sujet.
Avant d'attaquer la lecture( plusieurs fois et à petites doses!), je rappelle brièvement :


- Que Max Planck était le grand physicien allemand, fin XIX° début du XX° siècle.
- Qu'à cette époque, suite aux théories bien établies de Newton et Maxwell, on pensait tout connaître de la physique.
- Or la théorie ondulatoire de la lumière posait un problème de taille : elle n'expliquait pas un phénomène connu sous le nom de rayonnement du corps noir.

- Les expériences avaient démontré la relation existant entre le rayonnement du corps noir et sa température. Le spectre électromagnétique du corps noir révèle un pic dans l'infrarouge, où l'intensité du rayonnement est maximale. De chaque côté du pic, le rayonnement est très faible.
Voilà qui posait un problème à la physique classique qui prédisait que l'intensité du rayonnement devait être proportionnelle à la fréquence et que la majeure partie de l'énergie émise devait donc se trouver dans l'ultraviolet, et la courbe ne présenter aucun pic!
Cette "catastrophe ultraviolette" sonna le début de la fin de la physique classique et la fit descendre de son piédestral de représentation complète du monde physique.
- En 1900, confronté à ce phénomène inexplicable, le physicien allemand Max Planck s'attela à résoudre le problème du rayonnement du corps noir en faisant l'hypothèse que, plutôt qu'une onde lisse et continue, la lumière est constituée de petits "paquets" qu'il baptisa "quanta".
Il assigna à chaque quantum une énergie E reliée à sa fréquence f.
Il posa que E=hf, et son interprétation rendit bien compte de la réalité...
C'est ainsi que h est devenue une nouvelle constante mathématique de la nature, baptisée constante de Planck( h= 6,63x10x-34 J.s).
(La valeur de la constante de Planck étant très petite, la notion de quantum ne devient importante que pour les systèmes dont l'énergie est très faible, ce qui est le cas des atomes).
-il y a trois théories principales en physique, qui font chacune intervenir des constantes fondamentales. La relativité restreinte dit comment les objets se déplacent lorsque leur vitesse devient non négligeable devant celle de la lumière et établit des liens entre vitesse et énergie. Son emblème est c, la vitesse de la lumière.
La relativité générale met en jeu deux constantes: G( la constante Gravitationnelle) et c.
Quant à la mécanique quantique, elle fait intervenir la "constante de Planck", h, emblème du monde quantique: un univers dans lequel la constante de Planck aurait une valeur nulle serait régi par la physique classique. A partir de cette constante qui possède les dimensions d'une énergie multipliée par un temps et en combinant mathématiquement avec les deux autres( G et c), on peut fabriquer des unités remarquables, longueur, masse, temps,etc.
Le temps de Planck - 10x-43 seconde - est un temps infranchissable( un mur) en deçà duquel nos lois physiques tombent en panne.
C'est à partir de cet instant que l'histoire de notre univers peut être décrite selon la théorie du Big Bang mais, avant, on ne peut rien dire de précis.
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29-11-2010 à 18:00:19
Suite des documents:
MUR DE PLANCK

Définition : ce terme désigne un moment particulier de l’univers, une phase par laquelle il est passé et qui se caractérise par le fait que les théories physiques actuelles sont impuissantes à décrire ce qui s’est passé en amont de cette phase. L’énergie, la longueur et la durée qui lui sont associées, dites de Planck elles aussi, valent respectivement : 10x19 GeV, 10x-35 mètre et 10x-43 seconde.
En cosmologie quantique, ces paramètres définissent une limite, le « mur de Planck », bornant un micro domaine d’espace-temps à l’intérieur duquel toute mesure est impossible car elle serait en contradiction avec les limites fixées par le principe d’indétermination de Heisenberg.

Max PLANCK (1858-1947)
 : Physicien allemand
 Prix Nobel de physique en 1918 pour ses travaux en théorie des quanta.

Problématique à laquelle M.Planck du faire face :
• La lumière voyage comme une onde électromagnétique.
• A la fin du XIX° siècle, les lois de Newton et les équations de Maxwell semblaient décrire quasiment tout du monde physique.
• Mais ces lois ne pouvaient expliquer la nature de la lumière rayonnée par les corps noirs.( corps noir : objet qui absorbe ou émet tout le rayonnement électromagnétique qu’il reçoit, donc idéal pour conduire des expériences sur la transformation de la chaleur en rayonnement électromagnétique).
• La courbe de rayonnement prédite par la physique classique de Newton et Maxwell ne correspondait pas avec le résultat des expériences. Tout corps chaud devait rayonner une énergie infinie dans les très courtes longueurs d’ondes, à l’extrémité ultraviolette du spectre. La non observation de cette prédiction - en fait le pic de rayonnement se situait dans l’infrarouge - est connue sous le nom de « catastrophe ultraviolette ».

Cette anomalie montra l'échec des théories classiques de la physique dans certains domaines et constitua une des motivations pour la conception de la physique quantique : en 1900, Max Planck en jeta les prémisses, permettant de résoudre le problème du rayonnement du corps noir avec sa loi de Planck..

Pour conduire des expériences, L'objet réel qui se rapproche le plus du modèle du corps noir est l'intérieur d'un four. Afin de pouvoir étudier le rayonnement dans cette cavité, une de ses faces est percée d'un petit trou laissant s'échapper une minuscule fraction du rayonnement interne. C'est d'ailleurs un four qui fut utilisé par Wien pour déterminer les lois d'émission électromagnétique en fonction de la température. Les parois de l'intérieur de l'enceinte émettent un rayonnement à toutes les longueurs d’ondes : théoriquement des ondes radio aux rayons X, en passant par la lumière visible. Cette émission est due à l'agitation des atomes, assimilés à de petits « oscillateurs ». En effet, la température mesure l'agitation des atomes (ceux-ci « oscillent » autour de leur position). Ce faisant, chaque atome se comporte comme un dipôle électrostatique vibrant (dipôle formé par le noyau et le nuage électronique), qui rayonne donc de l'énergie.


A noter qu’à cette époque, on ne connaît pas encore la structure intime de l’atome (noyau et couches électroniques) qui ne sera précisée qu’en 1913 par Niels BOHR.


La catastrophe ultraviolette est l’erreur mise en évidence pour les courtes longueur d'ondes (correspondant à T > 5000K) du modèle classique (courbe en noir semblant indiquer une énergie infinie aux hautes fréquences, vers l’ ultraviolet !), donnant l'énergie émise par un corps noir idéal . La courbe correcte est celle en bleue prédite par la loi de Planck: pic d’intensité dans l’infrarouge

Planck déduit sa loi de façon empirique. Il la justifie en postulant que l'énergie émise ou absorbée par les oscillateurs ne se fait que par petits paquets d’énergie E. Ces paquets seraient directement reliés à la fréquence des oscillations selon la formule qu'il expose le 14 décembre 1900 :
E = h v où E = quantum d’énergie
h est la constante de Planck = 6,63.10x-34 Joule.seconde
ν est la fréquence du rayonnement électromagnétique.

Cette hypothèse permet de limiter l'excitation des oscillateurs aux courtes longueurs d'ondes, puisqu'ils ne peuvent absorber qu'une énergie au moins égale à hν.
La catastrophe ultraviolette est donc évitée, car les états vibratoires de haute fréquence qui pourraient exister d'après des considérations géométriques ne peuvent pas être excités à cause de leur énergie d'excitation minimale hν trop importante, et ne participent donc pas à la densité d'énergie dans la cavité. La densité spectrale d'énergie diminue donc avec les plus hautes fréquences après être passée par un maximum, et la densité totale d'énergie reste finie.
Ceci est caractérisé par le pic des courbes de couleur du diagramme ci-dessus !
À l'époque, cette relation n'est considérée que comme un artifice de calcul mathématique. L'idée de quantification est développée par d'autres, notamment Einstein qui en étudiant l’effet photoélectrique( pour lequel il recevra le prix Nobel en 1921) propose un modèle et une équation dans lesquels la lumière est non seulement émise mais aussi absorbée par paquets ou photons.
C'est l'introduction de la nature corpusculaire de la lumière et de la fameuse « dualité onde-particule » de la lumière !

Commentaires sur l’interprétation du Mur de Planck ( par Etienne Klein dans son livre récent : « Discours sur l’Origine de l’Univers »):
Ce mur se caractérise par des paramètres hors norme, qu’on a pris l’habitude d’exprimer sous forme d’un temps, d’une longueur et d’une énergie caractéristiques, tous trois dits » de Planck ».
Il existe en physique ce qu’on appelle des « constantes universelles », qui structurent les lois fondamentales, donc les théories.
Parmi elles, on trouve bien sûr la constante de la gravitation introduite par Newton et la vitesse de la lumière qui joue un rôle déterminant dans les théories relativistes. Ces deux constantes interviennent ensemble en relativité générale, puisque celle-ci est, par construction, une théorie relativiste de la gravitation. Une autre constante universelle, appelée constante de Planck, intervient quant à elle dans la description des phénomènes quantiques . Le mur de Planck correspond à des circonstances dans lesquelles les phénomènes quantiques et gravitationnels commencent à vraiment s’imbriquer, sa description doit faire intervenir ensemble ces trois constantes fondamentales. Comment le caractériser ? Un raisonnement mathématique élémentaire donne une estimation des grandeurs physiques qui permettent d’appréhender le mur de Planck(*). Il conduit aux résultats suivants :
L ‘énergie de Planck vaut dix milliards de milliards de fois l’énergie de masse d’un proton, soit 10x19 GeV(**). C’est dire si à l’époque du mur de Planck, la matière était agitée, affolée de façon paroxystique….
La longueur de Planck est égale à quelque 10x-35 mètres, soit dix-sept ordres de grandeur de moins que la taille d’un quark ou d’un électron. On l’interprète en disant qu’en deçà de cette échelle de distance, la notion d’espace telle que nous la décrivons dans nos théories physiques n’a plus de sens : elle s’effondre littéralement.
Le temps de Planck vaut quant à lui à peu près 10x-43 seconde. Pour exprimer ce résultat, on a pris malheureusement l’habitude de dire que le mur de Planck correspond à l’univers tel qu’il était « 10x-43 seconde après le big bang ». Or cela constitue un double abus de langage : d’une part, cette façon de parler admet implicitement l’existence d’un temps zéro alors que celui est fictif, comme nous l’avons vu ; d’autre part, avant le mur de Planck, le concept de temps devient lui-même aussi problématique que celui d’espace, au point qu’il n’est plus possible de donner le moindre sens à la notion de durée, en l’occurrence à celle qui se serait écoulée entre le big bang et le temps de Planck.
Résumons nous : au temps de Planck, c’est à dire lors de la période de l’univers la plus ancienne que nos équations (et nos seules équations) parviennent à concevoir, l’univers était nerveux et sec, minuscule et gorgé d’énergie, et son espace-temps avait une structure « bizarre ».
Pour remonter plus avant dans le passé et se rapprocher de l’hypothétique origine de l’univers, il faut impérativement devenir capable de franchir ce mur impressionnant.
Pour y parvenir, pas d’autre stratégie possible que de mettre sur pied une théorie unifiant la physique quantique, qui décrit la matière et ses interactions, et la relativité générale, qui décrit la façon dont cette matière structure l’espace-temps par le biais de la gravitation, et s’entremêle même avec lui.

C’est justement sur cette théorie de la gravitation quantique que butent les physiciens depuis de nombreuses années, malgré des efforts intenses !

(*) Ce raisonnement s’appuie sur le fait que chacune des constantes universelles (G désigne la constante de la gravitation introduite par Newton, c la vitesse de la lumière de la relativité générale et h la constante de Planck) s’exprime selon une unité bien définie ( la vitesse de la lumière, pour ne citer qu’elle, s’exprime en mètres par seconde).
On peut donc les combiner de façon à obtenir trois grandeurs, la première s’exprimant en une unité de longueur, la deuxième en une unité de temps et la troisième en une unité d’énergie. La longueur de Planck, le temps de Planck et l’énergie de Planck sont ainsi donnés respectivement par les expressions :
- Longueur : lp = (hG/cx3)x1/2 = 1,616.10x-35 mètre
- Temps : tp = (hG/cx5)x1/2 = 5,390.10x-44 seconde
- Energie : Ep = (hcx5/G)x1/2 = 1,22.10x28 électronvolts, qui correspond à une
- Température : Tp = (hcx5/Gkx2)x1/2 = 1,42.10x32 degré Kelvin

(**) L’électronvolt est l’unité d’énergie utilisée en physique des particules . Un électronvolt correspond à 1,6X10x-19 Joules. Le MeV vaut un million d’électronsvolts et le GeV un milliard d’électronvolts.

Nota :
La formule E=hv est à la physique quantique ce que E=mc2 est à la relativité générale !
29-11-2010 à 18:02:55
Excellent exposé ! à quand une conf de JP ?
Petite remarque : c'est aussi pour ça que la notion d'"âge de l'Univers" tel qu'il est souvent présenté dans les médias (à partir d'un supposé "temps zéro", les 13,7 milliards d'années, tout ça...) n'a pas beaucoup de sens. (à moins de partir de ce fameux mur de planck, tout ce qui se passe "avant" n'est qu'extrapolation)

29-11-2010 à 19:05:49
Bravo jp

Très bien l 'exposé Quel travail de recherche

Mais pour mon compte , cela me passe un peu au dessus de la tête .
Mon cerveau à besoin de beaucoup de lumière , car je suis restée au stade de la bougie

Mais le plus important c 'est que chaque jour vienne la lumière
29-11-2010 à 20:06:04
Au fait : je suis en train de lire de livre d'Etienne Klein que tu cites ("discours sur l'origine de l'univers") , et je le trouve très bien : abordable et en même temps assez pointu.


30-11-2010 à 13:37:49
Ben les amis, je voulais vous faire rire, vous connaissez ma passion pour la physique je n'y suis pas pour grand chose , et parfaitement incapable, c'est un peu indigeste pour moi , et je suis trop fainéant! besoin de lire plusieurs fois et petit à petit pour essayer de comprendre, j'ai également trouvé cela intéressant!
Mais le mérite en revient à Jacques MURIENNES un ami astram à la CALA à Lyon!
Il y a même des graphiques qui ne sont pas passés! j'ai fais un copié collé, si vous voulez l'intégralité de son message avec les graphiques je vous le transfère par mail!
Je me suis dit qu'avec ce mauvais temps un peu de lecture vous ferait du bien!
C'est vraiment un beau résumé condensé et je tenais à vous en faire profiter!
Bravo Jacques Murienne! et désolé de vous décevoir!
30-11-2010 à 17:23:55
Rhaaa!! Escroc, J.P. !!! Puique c'est ça tu copieras 100 lignes de la constante de Planck pour demain !
01-12-2010 à 09:16:50
Bon çà c'est fait! concernant ce fameux Mur de la honte pour moi, lorsque vous l'aurez lu, faites-le moi savoir pour que je puisse le supprimer, c'est un texte un peu trop long pour le forum, c'était juste une info .
PS: mais je n'ai pas menti en disant que je l'ai "potassé" avec difficulté je l'avoue!
01-12-2010 à 15:30:05
je suis pour le laisser un peu encore, il y a des infos très intéressantes.
01-12-2010 à 17:16:12
Le mot est juste "Escroc !", ces infos restent néanmoins très interessantes, merci JP pour ce brillant Copier/Coller.

01-12-2010 à 18:04:11
On a retrouvé le troisième Bogdanov ...
02-12-2010 à 00:18:11
C'est mon coté mafieux
02-12-2010 à 18:41:05
Don JP
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